Six ans après le premier épisode, DTP Entertainement qui a fait du Point & Click son fond de commerce, nous propose de remettre le cap sur Willow Creek pour une suite qui n'en est pas vraiment une. Mais était-ce vraiment nécessaire d'y revenir ?
J'ai beau me creuser les méninges, je n'arrive pas à me souvenir du premier Black Mirror. Le pire, c'est que je suis certain d'y avoir joué. Je me demande même si ce n'est pas moi qui avais rédigé le test pour Joystick à l'époque où j'y sévissais. C'est dire à quel point ça m'a marqué. Mais qu'importe, les développeurs de Cranberry eux ont l'air convaincu qu'il a laissé une trace dans l'histoire des jeux vidéo, puisqu'ils ont décidé de lui donner une suite. Enfin, une suite, c'est vite dit. Pas la peine d'avoir joué au premier pour attaquer ce deuxième volet, aucune connaissance particulière de l'intrigue originale n'étant requise pour en venir à bout. Je dirais même plus : Black Mirror II s'adresse plutôt aux joueurs du dimanche qu'aux vieux routards du point & click, qui risquent de trouver le challenge un peu léger. Et pas fondamentalement fun.
Les vacances de l'ennui
Darren Michaels est un étudiant comme les autres qui passe d'ennuyeuses vacances chez sa maman, à Biddeford, bled paumé du Maine. Employé d'un laboratoire photo, sous les ordres d'un pervers pépère du nom de Fuller, notre héros ne tarde pas à tomber sous le charme d'une demoiselle du coin, la jolie Angelina. Malheureusement pour Darren, les choses se compliquent rapidement : sa mère, victime d'une inexplicable agression, sombre dans le coma et la belle Angelina disparaît dans des circonstances tout aussi étranges. Notre aventurier décide alors de mener l'enquête et embarque pour un périple qui l'amènera en Angleterre, à Willow Creek, siège des macabres événements du premier épisode.
Le mot que vous cherchez est : ZzZzZz
Dire que la narration de Black Mirror II manque de punch serait un euphémisme. Entre les interminables dialogues, pour la plupart insipides et servis par des voix qui ne le sont pas moins, et une intrigue qui progresse à la vitesse d'un escargot fumeur de joints, le titre peine à maintenir le joueur en haleine. Long, lent et pas original pour un sou, le titre fait bailler dès le premier chapitre, prend trop son temps pour dévoiler le cœur du mystère et, en conséquence, ne parvient jamais véritablement à décoller. C'est d'autant plus dommage que le fond n'est pas foncièrement mauvais : résolument adulte dans son traitement, le titre jouit d'un background qui, dans les mains de talentueux conteurs, aurait pu faire des miracles. Malheureusement, les gars de Cranberry pêchent par manque d'ambition et nous livrent un jeu finalement très en dessous des standards actuels.
Qu'il s'agisse des graphismes, de l'ambiance sonore ou du déroulement de l'enquête, le jeu se complait tristement dans la médiocrité du début jusqu'à la fin et manque cruellement de moments forts pour tirer son épingle du jeu. Pire, il se paie même le luxe de jouer parfois avec nos nerfs, les animations des personnages prenant souvent des plombes pour concrétiser une action aussi basique qu'ouvrir une armoire. Et à force, ça agace.
T'es vraiment méchant, Faskil
Oui, je sais, je n'y vais pas de main morte. Mais à la base, le jeu vidéo, c'est supposé être une distraction agréable ou un remue-méninge qui flatte l'intelligence. Quand ça tourne rapidement au calvaire ou à l'ennui, c'est que l'objectif est clairement loupé. Et c'est malheureusement le cas ici : trop simpliste dans sa narration, trop brouillon dans sa réalisation, Black Mirror II est à ranger sans hésitation dans la catégorie des jeux parfaitement dispensables.
Franchement, à une époque où le genre point & click connait un certain renouveau et un regain de qualité avec des titres bien ficelés comme les derniers Sam & Max ou des petites perles comme Machinarium, difficile d'être clément. Et même s'il jouit d'une durée de vie conséquente et pourrait satisfaire certains joueurs occasionnels, je me vois mal recommander ce Black Mirror II plan-plan et soporifique à qui que ce soit. Même par méchanceté.